Les 42 Etats membres participants de la Conférence africaine sur l’environnement insistent, dans une déclaration commune, sur la défense des intérêts communs de l’Afrique lors des événements mondiaux sur l’environnement à venir.
ANUE, COP26, ACCORD DE PARIS
Les négociations en ligne ne sont, sous leur forme actuelle, toujours pas viables et acceptables pour la région africaine, en raison des graves problèmes découlant de la fracture numérique, du décalage horaire et d’autres questions ayant trait aux engagements virtuels. C’est du moins l’analyse des ministres africains de l’Environnement qui ont empêché les États africains à trouver des solutions aux défis techniques et organisationnels que génère la participation aux réunions et négociations mondiales en ligne.
De ce fait, la CMAE, dans sa résolution finale, demande la reprise de la deuxième partie de la 5e session de l’Assemblée des Nations Unies en présentiel, afin de permettre une participation pleine, inclusive et égale de tous.
Elle est prévue à Nairobi, du 28 février au 2 mars 2022. ‘’Nous constatons que la pandémie de Covid-19 a eu de graves répercussions sur la santé et l’économie de l’Afrique, affectant les marchés déjà très volatils, contractant le PIB du continent jusqu’à 3,4 %, avec une perte qui se situerait entre 173,1 et 236,7 milliards de dollars en 2020-2021, exacerbant ainsi les effets néfastes des changements climatiques et réduisant la capacité des pays africains à s’adapter à ces changements. Nous réaffirmons notre volonté de garantir une approche multilatérale efficace pour faire face aux changements climatiques, par le biais de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, son Protocole de Kyoto et son Accord de Paris, et réitérons notre attachement à les mettre en œuvre conformément aux principes et dispositions de la convention, tout en mettant l’accent sur l’accès équitable au développement durable et l’éradication de la pauvreté et la reconnaissance des besoins spécifiques et des circonstances particulières des pays africains par la Conférence des parties’’, déclarent les ministres africains.
‘’… Equité et principes de responsabilités communes, mais différenciées’’
Ces derniers se disent préoccupés par les impacts négatifs actuels et futurs des changements climatiques sur le continent africain, et dont la science confirme qu’ils gagneront en fréquence et en gravité.
En outre, les nouvelles politiques et réglementations liées au climat ne sont pas, de leur point de vue, conformes à l’équité et au principe des responsabilités communes, mais différenciées et des capacités respectives de la Convention-cadre des Nations Unies et de son Accord de Paris. En d’autres termes, elles ne tiennent pas compte des circonstances particulières de l’Afrique et des défis que pose le développement ainsi que de leur incidence prévue sur les pays africains, s’agissant de l’accès au financement climatique, du commerce extérieur africain, de l’utilisation, par l’Afrique, de ses ressources naturelles.
‘’Nous insistons, ajoutent-ils, sur l’importance d’une mise en œuvre équitable, efficace et rapide de la Convention et son Accord de Paris, ainsi que sur le lien qui existe entre les actions des pays en développement et le soutien qui leur est apporté, et sur le fait que les pays développés doivent prendre l’initiative en matière d’action climatique et assurer aux pays en développement un appui prévisible, durable et suffisant’’.
Considérant que l’adaptation est essentielle pour l’Afrique, les ministres africains demandent à toutes les parties de parvenir à un accord sur la mise en œuvre de l’article 7 de l’Accord de Paris, y compris sur l’objectif global de l’adaptation, les besoins en la matière et les coûts y afférents. Il est temps, estiment-ils, d’aboutir à un résultat sur l’adaptation par le lancement d’un programme de travail officiel.
Ainsi, la CMAE souligne la nécessité d’accroître la capacité d’adaptation et la résilience de la population africaine aux effets néfastes des changements climatiques d’au moins 50 % d’ici 2030 et d’au moins 90 % d’ici 2050. À cet égard, l’accent serait mis sur les personnes et les communautés les plus vulnérables ; la santé et le bien-être ; la sécurité alimentaire et hydrique ; les infrastructures et l’environnement bâti ; et les écosystèmes et les services écosystémiques.
Les regards tournés vers la COP26…
Toutefois, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), même une adaptation à grande échelle ne suffira pas à éviter et à atténuer toutes les pertes et tous les dommages causés par les effets des changements climatiques. Et d’ici 2030, le coût économique de ces pertes et de ces dommages devrait se situer entre 290 et 580 milliards de dollars pour les pays en développement à travers l’Afrique. ‘’Nous soulignons la nécessité de conclure, à l’issue de la COP26, un engagement ambitieux concernant les pertes et les dommages, et demandons, en outre, à la Conférence des parties de donner des orientations sur ces questions, y compris en adoptant une décision qui rende opérationnel le Réseau de Santiago, dans le cadre d’une structure institutionnelle réaliste, pour éviter et réduire les pertes et les dommages, y remédier, et faire en sorte que les pays africains et les personnes et les communautés vulnérables reçoivent rapidement l’assistance et les services techniques dont ils ont besoin pour éviter et réduire ces pertes et ces dommages, et y remédier, notamment en mobilisant une action et un soutien pour répondre aux besoins des pays africains dans ce domaine’’, préconisent les ministres. Ces derniers font remarquer que la mise en œuvre des différentes contributions déterminées au niveau national connaît un déficit de financement évalué à 3 000 milliards de dollars.
Il est donc important, insistent-ils, de veiller à ce que le soutien fourni aux pays africains n’impose pas une charge supplémentaire à ces pays et aux générations futures, notamment en alourdissant le fardeau de la dette. Par ailleurs, les ministres africains exhortent les pays développés à honorer leurs engagements concernant les objectifs d’atténuation et de financement d’avant 2020, qui n’ont toujours pas été atteints.
Selon eux, une discussion sur la définition d’un nouvel objectif collectif et quantifié de mobilisation s’impose. Ils proposent un plancher de 100 milliards de dollars par an, d’ici 2025, qui proviendraient de sources publiques et privées, en tenant compte des besoins et des priorités des pays en développement. Pour l’après-2025, les pays développés devraient s’engager à mobiliser conjointement au moins 1 300 milliards de dollars par an d’ici 2030, dont 50 % pour l’atténuation et 50 % pour l’adaptation, dont un pourcentage conséquent sous la forme de subventions, à partir d’un plancher de 100 milliards de dollars, en tenant compte des besoins et priorités des pays en développement et en particulier de la situation spéciale de l’Afrique. Les ministres africains de l’Environnement ont, par ailleurs, convenu d’établir une approche commune concernant l’engagement sur l’avant-projet de résolution relative à la pollution par les déchets et les plastiques dans le milieu marin.
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