L’Afrique entend valoriser le savoir endogène
RESILIENCE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
A l’issu du 3e Sommet Climate Chance Afrique 2021, les acteurs étatiques et non étatiques ont proposé au total 250 bonnes pratiques d’action climat réplicables. Par exemple, le Sénégal et la Mauritanie cherchent à valoriser le typha, une plante invasive du fleuve Sénégal, en matériaux de construction, à travers le projet Tyccao (Typha combustible construction d’Afrique de l’Ouest). »Cette valorisation du typha, selon les initiateurs, permet de séquestrer le carbone, de développer une économie circulaire et de proposer des habitats sahéliens adaptés au climat local et avec un bon confort thermique’’.
En outre, au Sénégal, la mauvaise conservation des semences due, d’une part, à la quasi-inexistence des outils de conservation et, d’autre part, au manque de connaissance des techniques adéquates, expose les agriculteurs à d’énormes pertes agricoles. D’où le lancement du projet »Grenier traditionnel amélioré » en 2018 par l’ONG Am Be Koun-Solidarité, du côté de Tambacounda, afin de lever les facteurs d’altération des semences. Il consiste à créer un grenier de conservation des semences résistant aux effets du changement climatique. Co-construit par les agriculteurs le GTA est un exemple réplicable à travers le Sénégal car fabriqué à partir de matériaux locaux dans le respect des normes anti-incendie. Le grenier a une capacité de 500 Kg de semences répartis sur deux étages.
»Sans solidarité Covid-19, pas de solidarité climat »
Dans son rapport final parvenu à ‘’EnQuête’’ Climate Chance attire l’attention sur des messages clés : »L’avenir de l’action climat internationale se joue aussi sur l’accès au vaccin en Afrique : sans solidarité Covid-19, pas de solidarité climat. La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 est aussi une crise environnementale. D’où l’importance du lien climat-biodiversité. Ainsi, la mobilisation sur les enjeux du climat doit aussi contribuer à la préservation de la biodiversité. » En outre, les environnementalistes estiment que tout comme le plan de relance européen, les politiques de relance économique en Afrique doivent accompagner la nécessaire transition climatique et énergétique. Cela, en lien avec les bailleurs internationaux. Partant du fait que les constats sont souvent les mêmes sur le continent depuis quelques années, les participants insistent sur l’importance de mettre l’inclusivité au premier rang de l’action climat, en impliquant les jeunes et les femmes.
A cela s’ajoutent la nécessité de renforcer les capacités des acteurs, de mieux les former et celle de financer le »Soft Power » et pas seulement les infrastructures. Le sommet a également été l’occasion d’aborder la problématique d’accès aux données climatiques en Afrique, de souligner l’urgence de faciliter l’accès aux financements et donc de faire évoluer les standards pour pouvoir accéder à ces financements qui restent trop élevés pour de nombreux acteurs, ainsi que l’importance de mieux équilibrer les efforts entre atténuation et adaptation dans l’action climat et son financement ; le besoin de repenser les liens entre l’urbain et le rural, sans oublier l’environnement périurbain. »Nous atteignons un point de bascule. En effet, la pratique de l’action climat semble évoluer de la logique projet vers, de plus en plus, des projets systémiques qui cassent les silos, associant l’ensemble des acteurs d’un territoire donné. La menace que constitue le changement climatique demande cette riposte systémique », interpellent les acteurs africains.
Le Sommet Climate Chance Afrique a rassemblé la communauté climat autour d’une grande diversité d’intervenants : élus de grandes métropoles africaines comme Dakar ou Lagos, responsables politiques et administratifs de pays africains, responsables d’entreprises actives en Afrique sur le front de la lutte contre les changements climatiques, leaders associatifs qui font bouger les lignes dans leurs pays respectifs, mais aussi des bailleurs de fonds et des banques de développement ou encore des représentants de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre le changement climatique. Il s’est tenu du 15 au 17 septembre 2021, entièrement en virtuel.
Cette édition atypique a largement intéressé et mobilisé les acteurs du climat, et notamment en Afrique, au regard des plus de 2 500 participants, près de 130 intervenants, experts de haut niveau et acteurs de terrain issus de 70 pays dont 40 du continent africain. Dans les mois prochains, plusieurs événements clés de l’agenda climat international sont annoncés et devront concentrer la plus grande attention sur l’ensemble de ces sujets. Il s’agit notamment de la COP26 de Glasgow, du Forum urbain mondial de Katowice, du Forum mondial de l’eau de Dakar, Africités à Kisumu…
Le prochain Sommet Climate Chance Afrique se tiendra dans le cadre de la Semaine de la mobilité durable et du climat 2022, à Dakar, du 19 au 24 septembre, à quelques semaines de la COP27 prévue en Afrique.
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